Écrits et nouvelles
Une couverture pour Laura
24/03/2022
Temps de lecture estimé : 13 minutes
Auteur
CatherineSaint-Dié-des-Vosges, 18 novembre 1944, 6 heures du matin
En cette matinée sombre, froide et brumeuse, trois hommes, mains en l’air, marchent en file indienne suivis par trois soldats allemands commandés par un Feldwebel.1
Les soldats venaient de les arrêter à la sortie d’un immeuble d’habitation gravement endommagé mais encore debout et les avaient obligés d’abandonner sur place les couvertures et autres objets d’utilité courante dont ils étaient chargés.
Le petit groupe s’avance vers un tas de décombres. L’un des hommes a la quarantaine, petit, mince et blond, le visage fin ; le second est grand, brun, bel homme, avec une légère claudication et le troisième est très jeune, de taille moyenne, blond-roux.
Le feldwebel demande au groupe de stopper et aux trois prisonniers de s’aligner face aux soldats.
Puis, il donne l’ordre de tirer. Les trois hommes s’écroulent sur le sol.
Saint-Dié-des-Vosges, dix jours plus tôt
Pendant l’automne 1944, alors que la majeure partie du territoire français est libérée, les troupes américaines progressent avec difficulté dans le massif des Vosges et se retrouvent bloquées en aval de Saint-Dié-des-Vosges.
Malgré de lourds bombardements alliés, les Allemands résistent farouchement pour empêcher les Américains de s’engager dans la plaine d’Alsace.
Mais en ce début de novembre 1944, l’armée allemande est à bout de résistance et le haut commandement militaire déclenche l’opération Waldfest 2.
C’est ainsi qu’en ce matin du 9 novembre, des véhicules militaires munis de haut-parleurs sillonnent le centre-ville de Saint-Dié, intimant l’ordre aux habitants de préparer une valise et de sortir de leurs maisons dans un délai d’une heure.
À sept heures dix, des coups violents donnés à la porte de sa chambre et les cris de sa patronne tirent Jean de son profond sommeil.
— Jean, réveille-toi ! Nous devons évacuer la maison d’ici une heure.
— Oui madame Duroc, je me lève. Ne vous inquiétez pas ! Je suis réveillé !
Jean Kaas est apprenti boulanger. Il s’est levé très tôt pour assister son patron, Robert Duroc. Il n’a donc pas beaucoup dormi, mais son sac va être vite prêt.
À sept heures trente, Jacques Veber descend à son officine de pharmacie située juste en dessous de son logement pour préparer une petite trousse de secours. Pendant ce temps, sa femme, Édith attend avec les valises prêtes et leurs deux enfants, René, 9 ans et Christine, 7 ans. Édith se demande si ce cauchemar finira un jour.
À sept heures quarante-cinq, Juliette Joubert, 15 ans, est assise sur son lit. Son regard fait le tour de sa chambre. Elle regarde ses livres, ses jeux, ses jouets d’enfant surtout sa jolie poupée, souvenir d’un Noël déjà lointain. Il y a tant de choses qu’elle voudrait emporter mais il faut prendre le strict nécessaire, lui ont dit ses parents.
— Juliette, dépêche-toi ! Il est bientôt 8 heures.
Alors, Juliette se lève, saisit les poignées de sa petite valise, jette un dernier coup d’œil à sa chambre, puis tourne définitivement le dos à son enfance.
Joseph et Françoise Luciani étaient déjà réveillés lorsque les haut-parleurs de l’armée allemande ont résonné dans la ville. Joseph est maçon et sa femme, Françoise, est institutrice à l’école de filles du centre-ville. Ils sont parents d’une petite fille de dix-huit mois, Laura.
À huit heures du matin, les habitants de Saint-Dié ont tout laissé derrière eux, commerces, maisons, appartements, travail, et marchent, encadrés par des soldats armés. Ils s’attendent à monter dans des camions ou pire à partir à pied en direction de l’Allemagne.
Finalement, les soldats les regroupent dans la partie septentrionale de la ville avec interdiction formelle et absolue de revenir dans leurs maisons.
La peur laisse la place à un certain soulagement.
De petits groupes se forment.
Les familles Joubert et Veber se sont déjà rejointes car elles se connaissent bien.
— Qu’allons-nous faire ? Où allons-nous nous loger ? confie Odette Joubert à son amie Édith, quand, soudain, la petite Christine Veber secoue la main de sa mère pour lui montrer son institutrice.
— Maman, c’est ma maîtresse.
Edith Veber interpelle l’institutrice et la convie à se joindre à leur petit groupe.
— Je vous présente l’institutrice de Christine, Madame Françoise Luciani.
Françoise qui tient sa petite fille dans ses bras leur présente son mari, Joseph.
De son côté, Odette Joubert a repéré Germaine et Robert Duroc, les boulangers de son quartier et les interpelle.
Germaine et Robert Duroc ont, tous deux, la cinquantaine passé et ont gardé un physique tout en rondeurs malgré les restrictions.
Robert Duroc présente au groupe son apprenti.
— Voici Jean Kaas. Il ne nous a pas laissé tomber alors que sa famille a une ferme aux environs de Saint-Dié. Comme vous le savez peut-être, notre fils est en Allemagne pour le S.T.O. (Service de travail obligatoire) et il ne peut pas m’aider.
— Et bien, conclut Alfred Joubert, si vous êtes d’accord, nous allons chercher un endroit où nous cacher et nous protéger d’une attaque de l’armée américaine que j’espère imminente.
Au cours des heures qui suivent, le petit groupe a trouvé un endroit où s’abriter dans la cave d’une maison presque en ruines. C’est une cave d’une ancienne maison bourgeoise, grande, voûtée et possédant une petite pièce attenante séparée, une sorte de cellier qui servait au stockage des vins.
Chaque famille installe un petit coin pour dormir. Il a été convenu que les provisions seraient mises en commun.
Jean Kaas a amené dans son sac, outre quelques effets personnels, trois saucissons provenant de la ferme familiale, une lampe et des jumelles.
Les Duroc ont ramené des miches de pain. Quant à Joseph, il a pu prendre un petit réchaud et sa femme Françoise, du lait et des oeufs, qu’elle a pu échanger contre des tickets de rationnement permettant de se procurer du tabac.
— Quel malheur d’habiter si près de l’Allemagne, murmure Odette Joubert à son mari. J’espère que nous survivrons à la prise de la ville par l’armée américaine.
Odette Joubert est une grande rousse aux yeux verts, coquette, distinguée et sure d’elle. Maintenant, avec les restrictions alimentaires, elle flotte dans ses vêtements, comme l’ensemble des citoyens de la ville.
Alfred Joubert a 45 ans, des yeux bleus et un flegme tout britannique. Il est ingénieur à la Générale des Eaux.
Peu à peu, les bruits et chuchotements cessent et chacun essaye de dormir.
Du 9 au 12 novembre, la zone évacuée est systématiquement pillée. Nuit et jour, des camions partent vers l’Allemagne avec du matériel, machines-outils…, ainsi que peuvent l’observer, grâce aux jumelles de Jean, les réfugiés qui sortent, deux par deux, pour aller au ravitaillement d’eau.
Dans la cave, il fait froid et humide ; les réfugiés ont ramené tout ce qu’ils avaient comme vêtements chauds. Christine et René Veber ressemblent à deux petits Esquimaux avec leurs pulls superposés les uns sur les autres.
Malgré tout, la vie s’organise.
Les repas se prennent en commun, et les habitants de la cave discutent entre eux.
Dans la soirée, après le repas, Odette Joubert revient sur le fait qu’ils ont eu de la chance de ne pas avoir été emmenés en Allemagne.
— Comme ces pauvres juifs, rappelle Édith.
— C’est pour les camps de travail, répond Robert Duroc. Ils ont encore emmené environ 900 hommes de notre ville pas plus tard que la semaine dernière.
— Je ne vois pas comment les Feldman auraient pu fournir une quelconque quantité de travail, vu leur âge et leur état de santé. Ils n’auraient pas pu les laisser tranquilles, ces pauvres petits vieux ! reprend Édith Veber.
Après le repas, chacun rejoint son petit coin et reste dans ses pensées.
Jacques Veber repense aux terribles lois allemandes qui ont failli lui coûter la perte de son officine et la déportation. Il a été dénoncé comme juif par une lettre anonyme. Il a pu, avec difficulté, convaincre les autorités qu’il n’était pas juif. Mais, il se demande encore qui a pu faire ça, et pourquoi ? Est-ce à cause de son nom allemand ? Par jalousie personnelle ?
Françoise Luciani essaye de réchauffer du mieux qu’elle peut, sa petite fille et de calmer ses pleurs. Avec Joseph, ils ont décidé de l’appeler Laura, en souvenir de la grand-mère, restée en Italie. Cela fait deux ans, maintenant, qu’elle s’est mariée avec lui malgré les réticences de ses parents qui auraient préféré un directeur d’école ou un fonctionnaire, pas un maçon, pas « un rital ».
Joseph Luciani préfère penser à l’avenir, à ce qu’il fera quand la guerre sera finie. Il créera sa propre entreprise de maçonnerie. L’accident qu’il a eu dans sa jeunesse l’a laissé légèrement boiteux, mais cela ne le gêne pas trop dans son travail et lui a évité la mobilisation. Après la guerre, il y aura du travail. Il faudra reconstruire. Il pourra offrir à sa famille une vie confortable, surtout à Laura qui est arrivée dans un monde si terrible.
Quant aux Joubert, ils n’ont jamais été séduits par l’idéologie allemande. Ils écoutaient Radio Londres en secret et se réjouissaient des défaites militaires sur le front de l’est. Cela leur donnait la force de tenir, sachant que cette terrible occupation cesserait un jour.
Juliette pense à sa meilleure amie, Irène, qui est arrivée en classe un jour avec cette horrible étoile jaune. Elle se rappelle les propos de sa professeure à l’adresse des élèves, ce matin-là : « Je punirai sévèrement toute remarque désobligeante envers vos camarades ». Mais un jour, Irène n’est pas revenue en classe. Elle est partie avec ses parents vers l’Allemagne.
Les jours suivants se suivent et se ressemblent. Les habitants de la cave essayent de passer le temps en attendant leur libération. Le froid et l’humidité sont toujours prégnants. Laura pleure souvent. Elle souffre du froid. Les femmes s’organisent pour s’occuper à tour de rôle de Laura et laisser Françoise se reposer. Les réfugiés lui abandonnent quelques vêtements chauds afin que Françoise puisse l’emmitoufler.
Juliette, quand elle le peut, profite de la faible lumière du jour d’un soupirail pour lire « Le comte de Monte-Cristo », le seul livre qu’elle a emporté avec elle. René et Christine aiment bien aussi cette histoire de prisonnier, victime d’une injustice, qui s’évade et se venge. Elle leur en lit des extraits. Jean se joint souvent à eux. Il aime bien leur raconter des histoires. En plus, il a ramené un jeu de cartes avec lui qui permet de distraire les enfants et les adultes pendant ces longues heures d’attente.
Dans la journée du 12 novembre, les résidents de la cave s’impatientent.
— Mais qu’est-ce qu’ils attendent les Américains pour venir nous libérer ? demande Germaine Duroc.
— Ils ne veulent pas prendre de risques pour leurs troupes. Des civils français, ce n’est pas important pour eux, intervient son mari.
— Vous êtes bien dur, Duroc, répond Alfred Joubert. Ils cherchent à éviter des massacres de civils. Nous sommes encore aux mains des Allemands.
— Eh, oui, nous dépendions des Allemands et après ce sera des Américains, répond Robert Duroc.
— Les Américains ont des démocrates, contrairement aux Allemands avec leur idéologie nazie mortifère, insiste Alfred Joubert.
— C’est grâce aux Russes que nous serons débarrassés de ces maudits boches, ajoute Odette Joubert.
— Madame Joubert, je ne savais pas que vous étiez bolchévique, ironise Joseph Luciani.
— Je dis « les Russes », pas les bolchéviques.
En ce matin du 13 novembre, d’énormes bruits d’explosion réveillent en sursaut les habitants de la cave.
— Mon Dieu, ça recommence ! se met à crier Édith Veber avant de se rouler en boule dans le coin le plus sombre de la cave. On ne va jamais s’en sortir ! On ne va pas voir la fin de la guerre. On va mourir !
Jacques Veber s’approche rapidement de sa femme et lui dit à voix basse de se calmer pour ne pas effrayer les enfants qui se serrent contre leur mère et se mettent à pleurer.
— N’ayez pas peur, Madame Veber, intervient Joseph Luciani. Les Allemands doivent faire sauter les ponts sur la Meurthe pour retarder les Américains.
— Nous avons déjà failli mourir, moi et les enfants, mitraillés par un avion allié en traversant un pont. J’ai dû me coucher sur eux, lui répond Édith Veber, un peu calmée, un peu résignée.
Les heures passent et les explosions continuent. Lorsque les explosions sont trop fortes, les réfugiés sursautent ou se rapetissent, mais le temps passant, ils deviennent indifférents. L’être humain est un drôle d’animal, il s’habitue à tout.
Françoise Luciani pense à ses parents et à sa sœur qui vivent dans le Loir-et-Cher. Ils sont déjà libres, eux, et ils doivent être informés de ce qui nous arrive, confie-t-elle à son mari. Ils doivent nous croire morts ! se désespère-t-elle.
Le lendemain, les bruits d’explosion recommencent. Il en est de même le surlendemain.
Les réfugiés s’inquiètent. Joseph Luciani et Jean Kaas proposent alors de faire un tour dehors pour voir ce qu’il se passe, tout en promettant de rester très prudents.
Ils reviennent avec de mauvaises nouvelles.
— Ils ont fait sauter les maisons et les immeubles. Tout le centre-ville y est passé, l’hôtel de ville, l’hôpital, les écoles et les habitations. Et ils finissent le travail au lance-flammes !
— Mon Dieu, ma maison ! Mon Baccarat ! Mon Limoges ! ne peut s’empêcher de crier Odile Joubert, avant de baisser les yeux, honteuse.
Dans la journée du 16 novembre, les bruits d’explosion cessent enfin.
— Vous entendez ces bruits de moteurs ? demande Joseph Luciani.
— Je crois qu’ils sont en train de partir, réplique Jean.
— Nous allons être bientôt libérés, affamés et à moitié morts de froid, mais libres enfin ! s’écrie Odette Joubert.
À ce moment, Laura se met à pleurer.
— Elle a froid, dit laconiquement Françoise Luciani.
— Il faut faire quelque chose ! Nous allons sortir avec Joseph et voir ce qui se passe, intervient Jean.
Joseph et Jean sortent encore une fois en observation. Ils reviennent pour confirmer que les Allemands sont en train de partir.
Le lendemain 17 novembre, en fin d’après-midi, le calme est revenu.
— On dirait qu’ils sont bien partis maintenant ! dit Germaine Duroc.
— On va pouvoir sortir et retourner vers nos maisons pour essayer de récupérer quelques effets, des vivres peut-être, dit Jacques Veber.
— Et surtout des couvertures et des vêtements chauds ! ajoute Joseph Luciani.
— Je vous conseille d’attendre au moins 24 heures, intervient Alfred Joubert.
— Pourquoi ? On partira cette nuit et on sera prudent.
— Les Allemands savent qu’ils vont perdre la guerre. Dans les prochains jours, ils devront se battre sur leur sol national. Leur rêve d’instauration d’un monde nouveau conforme à leur idéologie nazie s’effondre et je crains vraiment qu’ils ne veuillent se venger.
— Voyons Alfred ! Les Américains sont très proches. Les Allemands ne vont pas perdre leur temps à courir derrière quelques civils, lui répond Jacques.
— La petite a trop froid. J’irai chercher de quoi la réchauffer cette nuit ! déclare Joseph, catégorique.
— Je viendrai avec vous, conclut Jacques. Qui vient avec nous ?
— Je ne viens pas, dit Alfred. Je crois que c’est une bêtise. Il faut attendre encore un peu.
— Et vous, Monsieur Duroc ? demande Jacques Veber.
— Je ne sais pas. Je vais y réfléchir, répond Robert Duroc sous les yeux suppliants de sa femme.
Le soir venu, Jacques et Joseph commencent leurs préparatifs. Ils vident deux sacs et demandent à Jean de prêter ses jumelles et sa lampe.
De son côté, Alfred Joubert dit à sa femme:
— Je vais partir avec eux, finalement.
— Reste ! Reste! Je t’en supplie. Suis ton intuition ! Tu penses que les Allemands sont encore là et qu’il est dangereux d’aller dans la zone interdite, oui ou non ?
— Si je n’y vais pas, je vais passer pour un lâche.
— Il vaut mieux être lâche que mort !
Germaine Duroc se serre contre son mari et lui souffle :
— N’y va pas ! Reste avec moi ! Je crois Monsieur Joubert. Notre fils est déjà parti en Allemagne. Je ne sais pas s’il est encore vivant, s’il sera encore vivant à la fin de la guerre. Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose à toi aussi.
— Vous venez ? lance Jacques Veber.
— Je viens, moi ! lui répond Jean Kaas. Puis, s’adressant à Robert Duroc:
— Restez avec votre femme, Monsieur Duroc.
— Reste avec nous, Jean ! Tu n’as aucune raison d’y aller ! le supplie Germaine Duroc.
Mais, Jean refuse et les trois hommes sortent puis s’éloignent dans la nuit en direction de la zone interdite.
Saint-Dié-des-Vosges, 18 novembre 1944, 6 heures du matin
Les soldats sont pressés, et partent rapidement après la fusillade.
Joseph vivait dans un état second depuis son arrestation. Il ressentait comme un dédoublement de sa personne, comme s’il était déjà sorti de son corps et assistait à cette horrible scène dont il était également l’acteur. Ses pensées l’assaillaient, entre souvenirs, analyse de la situation et regrets…
Puis dès qu’ont retenti les coups de feu, Joseph est tombé au sol comme ses malheureux compagnons.
Une fois à terre, il réalise qu’il est toujours vivant et que c’est grâce à la couverture pour Laura. Dans l’immeuble abandonné, il avait trouvé une petite couverture de bébé. Étant déjà bien chargé, il avait déposé son chargement, défait sa veste, plié la petite couverture en trois puis l’avait enroulé autour de son torse, avait coincé le haut sous ses bras et rentré le bas dans son pantalon, puis il avait enfilé sa veste par-dessus.
Joseph attendra encore de longues heures sur le sol humide et froid avant de quitter la zone interdite en rampant et se cachant dans les décombres avant de rejoindre les autres réfugiés dans la cave.
C’est dans une ville en ruines que les troupes américaines de la 103ème division d’infanterie ont fait leur entrée, le 22 novembre 1944.
Ici pas de flonflons, ni de fête pour accueillir les Américains, pas non plus de jeunes filles qui embrassent les libérateurs, pas de cigarettes distribuées.
En ce matin du 24 novembre, la Croix-Rouge est de nouveau là et de longues files d’attente se sont déjà formées.
Aujourd’hui pas de ration alimentaire, chaque sinistré reçoit un paquet avec des produits d’hygiène, ainsi qu’une couverture.
Histoire inspirée de faits réels.
La ville Saint-Dié, c’est 2 000 immeubles parmi lesquels les principales maisons et monuments historiques, détruits.
Sur les 15000 habitants restants dans la ville, 10585 sinistrés totaux appartenant à 4224 familles (dont mes grands-parents maternels et ma mère) et 1200 sinistrés partiels, 249 jeunes requis pour l’Allemagne, 164 déportés politiques, et 943 hommes de 16 à 45 ans, déportés le 8 novembre 1944.
Le 28 février 1949, la ville de Saint-Dié-des-Vosges a été décorée de la Croix de Guerre 1939-45 avec palme de bronze.